dimanche 17 octobre 2010

La poupée de chiffon et les ours

J'aurais dû commencer par cela. Mais, ce dont je vais parler est tellement ce que j'ai de plus beau et de plus précieux dans la vie que j'ai toujours une certaine pudeur à en parler.

Il y a eu Boucle d'or et les trois ours. Moi je suis la poupée de chiffon et les trois ours.

Cette histoire est un peu compliquée. Même moi parfois je ne semble pas en comprendre tous les méandres.

Tout a commencé en 1995, peut-être avant. J'allais dans un collège privé que fréquentait aussi Bearling. À l'époque, j'étais très mal dans ma peau et je ne pouvais même pas concevoir qu'une personne pouvait avoir des sentiments pour moi. Je frôlais les murs, espérant que personne ne me remarque. Je n'ai jamais remarqué en fait que celui-ci pouvait en avoir.

Le secondaire 4 est arrivé, Bearling a changé d'école et de ville et pendant ce temps j'ai affronté ma pire terreur, les maths. Je ne sais pas trop comment ce gars, Ghyslain, était arrivé sur ma route. Ghyslain était une bolle incollable. Il était super bon en maths. On est devenu amis et après quelques temps, il s'est mis à me donner un coup de main.

Rencontrer Ghyslain m'avait ouvert la porte à tout un monde, le monde des "geeks". Ces gars au coeur d'or, dont souvent le coeur n'avait d'égal que leurs cerveaux. Tantôt artiste, tantôt scientifique, à la fois poète et guerrier, ces gars qui étaient contents d'être avec toi pas parce que tu avais des seins, mais bien parce que tu étais une personne, que tu avais des sentiments. Être avec un gars comme Ghyslain ou comme tous les geeks de son acabit, c'est se sentir éternellement une princesse ou une fleur ou le mélange des deux. Avec les geeks, tu es Caliope, tu es une muse.

Avec Ghyslain, je goutais à un peu de paradis chaque fois que je le rencontrais. Il écrivait des poèmes épiques à une belle dont je ne connaissais le nom qu'il me lisait avec un ton mélancolique. Je me perdais dans ses écrits rêvassant qu'un jour, mon chum de l'époque, un rustre qui me violentait, saurait m'aimer avec tant de passion.

Ghyslain était très ami avec Bearling. Bearling est revenu en plein milieu d'année pour aller fréquenter une école publique. Il a croisé mon copain de l'époque à plusieurs reprises. J'avais des nouvelles de lui par l'entre-mise de Ghyslain ou de mon copain, puis seulement par Ghyslain, j'avais eu la clairvoyance, sûrement la force que Ghyslain me donnait à l'époque, de larguer l'imbécile. Mais bon, soyons honnête, à l'époque, Bearling n'était qu'une connaissance.

C'était peu avant la fin d'année. Je me rappelais que je pleurais dans mon cahier de maths étant convaincue que j'allais y laisser ma peau et mon année. Je me traitais de nulle et de conne pour la xième fois.

- Arrêtes! m'avait alors dit Ghyslain.
- Non, je suis nulle, nulle à chier. Je suis conne, je suis imbécile.
- J'en connais un tas qui ne sont pas de ton avis.
- Ah oui? Ah oui? Qui ça? Arrêtes de niaiser, ok. Si j'étais si top que ça, j'aurais un chum.
- Je peux te nommer 4 personnes qui ne pense pas ça pentoute.
- Ah oui? Qui?
- (une personne dont je me rappelle plus du nom), Pierre-Étienne, Bearling et ...
- Et?
- Moi.

Ça avait été un choc. Je m'étais alors couvert de ridicule.

- Toi?
- Oui
- Mais Ghyslain, tu ... je ... tu peux pas être amoureux de moi?
- Pourquoi?
- Parce que tu es un génie et je suis une tarte.
- Dis pas ça ...
- Non, Ghys, tu peux juste pas ... ça n'a pas de sens.

Inutile de dire que ça avait quelques peu refroidi les liens entre nous.
La fin d'année était arrivée, puis le secondaire 5. Entre lui et moi ça n'avait jamais pu été pareil. Je m'en suis longtemps voulu.

Bearling est revenu en secondaire 5. Par contre, moi, en secondaire 5, je n'étais plus la même.
J'avais passé l'été à me faire une carapace, dure comme le roc. J'étais devenue une autre personne, une genre de rockeuse plastique. Je me foutais de tout et de tout le monde.

J'avais repris avec ce fou furieux qu'était mon ex. Il me faisait mal, mais à l'époque, je carburais au mal.

En entrant dans ma classe, je l'ai vu. Il était là, grand, élancé, basané. Ses cheveux qui tombait sur ses épaules. Ses t-shirts de Jimmy Hendrix. Ce fut le coup de foudre. Je l'avais croisé une fois après un spectacle, il m'avait dit que j'avais bien chanté, je ne l'avais plus revu, il était presque invisible. Mais là, en étant dans ma classe, je le voyais bien.

Étant devenue une mégère par contre, je prenais un malin plaisir à parler de lui avec Marie, une fille tout aussi malsaine que moi. Elle avait sûrement vu qu'il ne me laissait pas indifférente, elle l'avait dragué.

Je n'arrive pas à expliquer le magnétisme que j'avais pour ce gars. C'était comme un aimant, il se retrouvait partout sur mon chemin.

Le secondaire 5 s'était passé, on s'était un peu rapproché, ça ne plaisait guère à mon ex qui devenait de plus en plus violent et possessif.

Je vous épargne les détails entre ça et le jour où Mari m'a tendu la main pour me sauver. Mais je peux seulement vous dire que le 21 février 1997, nous fêtions l'anniversaire de Fred, j'ai été invitée et depuis ce jour-là, le beau brun aux cheveux longs ne m'a jamais quitté. Mari avait plusieurs amis, dont Bearling. Souvent quand je parle de Bearling, je dis toujours que ce gars-là a su qui j'étais à la minute où j'ai lui dit bonjour.
C'était en effet le cas. Il disait souvent que j'étais lui avec des boules (oui c'est cru, mais Bearling est comme ça.) au début, je n'y croyais pas vraiment. Encore là, je me disais que c'était sûrement une ruse pour me séduire. J'ai longtemps pensé que tous les mecs étaient comme mon ex. Tout pour que je me ramasse dans son lit ... Donc, avec Bearling, j'étais sur le frein un peu. On s'est "découvert" pendant 2 ans, puis nos routes se sont un peu séparée. Il est parti pour une autre ville et une série d'événements on fait en sorte que je suis devenue mal-à-l'aise avec lui et on s'est perdus de vue.

Encore aujourd'hui, je ne me pardonne pas les 5 ans que nous avons passé sans trop se parler, je sais pertinemment que c'est ma faute.

Fred avait toujours été présent dans ma vie. Plus les années avançaient, plus on se rapprochait. Fred est l'un des premiers qui a compris que dans ma vie j'ai besoin d'hommes. C'est con, mais c'est comme cela. J'ai besoin de présence masculine mais pas de n'importe quelle ... j'ai besoin de la présence des hommes du type de Fred, du type de Mari.

Fred a été là tous les jours de ma vie ou presque pendant 5 ans. Puis, un jour de juillet 2008, j'ai appris qu'il était malade, très malade.

J'ai nié instantanément, ignorant totalement les signes que je connais très bien ayant perdu plusieurs personnes de mon entourage par le cancer.

Ce fut rapide. Je lui ai dit adieu le 14 décembre 2008, il était venu souper chez moi une dernière fois. Les signes de la progression de la maladie étaient déjà visible sur son corps. Quand je l'avais embrassé avant qu'il ne parte ce soir-là tout en moi me disait que c'était fini.

Il a combattu seul, me laissant moi et bien des gens autour de lui en dehors de la bataille. Je commence à peine aujourd'hui a digéré tout ce qui s'est passé.

Il est parti en douce, en brave, sans personne à ses cotés, dans la nuit du 16 janvier 2009. Il a eu une mort qui lui ressemblait. Une mort pour les braves, une mort pour les courageux. Seul devant le gouffre, il a plongé.

Je ne vous dis même pas le sentiment de vide que j'ai ressenti quand il est parti. J'avais l'impression d'avoir perdu mon roc. Fred savait tout de moi, parfois même plus que Mari. Je pouvais tout lui dire, il ne me jugeait jamais.

Petit Ours Brun avait commencé a être présent dans ma vie depuis quelques mois. En fait, le jour où Fred a dû "me laisser" parce que le mal progressait trop vite en lui, ce jour de juin 2008 où il avait manqué un de mes spectacle, chose qu'il ne faisait jamais, moi et petit ours brun on s'était rapproché, il s'était blessé et je me suis inquiété, je sais pas à partir de là il a compris que je tenais à lui on dirait. Je n'avais pas fait de lien entre les événements avant que j'aie pu prendre suffisamment de recul pour voir le film complet.

Il m'a pas mal appuyé quand Fred est parti. Petit ours Brun fait partie de ses personnes qui consolent sans un mot, leurs seules présences calmant tous les maux.

Puis, il y a eu les funérailles. Bearling y était. On s'est assis ensemble, on a parlé et j'ai senti quelque chose qui ne s'explique pas. Je ne voulais plus le laisser partir jamais. Je voulais qu'on puisse être là l'un pour l'autre pour le reste de nos vies. Ça s'est fait rapidement. Je suis certaine que ça a fait la même chose pour lui aussi.

On a recommencé à se revoir, puis de plus en plus intensément. C'était la même chose du côté de Petit Ours Brun, il était de plus en plus là. En décembre 2009, j'avais besoin de Bearling pour faire le père Noël dans une fête d'enfants que j'organisais et de Petit Ours Brun qui est un fin photographe. Petit Ours Brun est quelqu'un de secret, de reclus, il ne parle pas à personne, ne se mêle pas trop aux gens. Puis, ce jour-là, Bearling est arrivé et a demandé à Petit Ours Brun comment j'allais. Je les ai vu au loin. Normalement, Petit Ours Brun aurait presque envoyé paitre la personne qui lui aurait parlé ainsi. Mais dès lors, ils se sont mis à parler. Je n'en revenais tout simplement pas. Je les regardais au loin, bouche bée.

Depuis, on ne se quitte plus. On forme un genre de clan, ils sont là pour moi, je suis là pour eux et je les aiment.

Je crois que Fred, avant de partir, m'a fait un cadeau, il s'est arrangé pour que je ne sois pas seule. Il m'a envoyé les trois ours, il s'est assuré du moins que j'en ai trois.

J'ai compris que ce type de geek, avec le temps, est un type bien différent. Je les appelle les ours. Ils sont toujours un peu de la même genre de corpulence, ils sont tendres et gentils, et la plupart adorent les poupées de chiffon. Je sais reconnaitre ce type de gars à des kilomètres.

J'ai la chance inouïe d'avoir ses trois ours là dans ma vie, et par ricochet, la femme et les enfants de Bearling et j'espère pouvoir toujours les compter parmi les miens.

Mon amour, je t'adore, merci pour tout ce que tu représentes pour moi. Je t'aime à l'infini et je te remercie d'être toujours présent dans ma vie malgré toutes les lubies.
Bearling, tu sais que ce blog existe, je te l'ai déjà dit 100 fois, mais je te le redis quand même, je t'aime.
Petit Ours Brun, tu liras sans doute jamais ceci, mais juste au cas, toi aussi tu le sais que je t'adore. Tu me mets les nerfs en boule, mais je t'aimerai toujours quand même.

1 commentaire:

  1. WE ARE ONE !!!!

    Je t'aime puce et c'est pas fini ;)
    Tu le sais je suis comme un virus, parfois latent, mais je suis toujours là. Prêt à bondir le moment opportun. Je ne suis jamais vraiment parti et rien ni personne ne fera en sorte que je disparaisse. Love U babe.

    XXX

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